Krishna Mootien
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PROGRESSION
Fondée en 1987, Mayil a été créée avec de modestes investissements mais a pu s’imposer sur le marché. Son chiffre d’affaires a atteint 124 millions de roupies (3,1 millions d’euros) en 2014 et devrait atteindre les 200 millions de roupies (5 millions d’euros) en 2015. L’entreprise emploie une centaine de Mauriciens.
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INNOVATION
Les produits Mayil sont importés du monde entier. Ils sont traités, moulus et conditionnés dans une usine certifiée aux normes ISO 9001, ISO 22000 et HACCP (en cours d’obtention). Les épices y sont nettoyées et stérilisées. Les produits Mayil sont pré-conditionnés et pré-dosés en sachets et en pots.
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DYNAMISME À L’EXTÉRIEUR
Après une tentative avortée d’implantation sur le marché européen en 2009, avec Mayil Europe, « une ouverture prématurée », reconnaît Krishna Mootien, l’entreprise se donne aujourd’hui les moyens de son ambition en investissant massivement dans les outils et les équipements. Mayil compte pénétrer le marché régional dès l’année 2016.
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ENGAGEMENT CITOYEN
En plus de sa contribution obligatoire au CSR (Corporate Social Responsability) qui représente 2% de ses bénéfices, Krishna Mootien soutient les enfants de sa centaine d’employés en finançant intégralement leurs frais scolaires et universitaires. Car « l’éducation est la clé de la réussite ». Nouvelle étape dans son engagement, il va créer en 2016 une fondation qui permettra de mieux gérer et organiser les contributions de l’entreprise aux projets de société.
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« Pulao », « halim », épices pour achards… et bien sûr « masala » (autre nom du curry). Autant de produits emblématiques de la cuisine mauricienne. Et depuis presque trente ans, un nom s’est fait une place particulière dans quasiment tous les foyers de l’île. Il s’agit de la marque Mayil qui signifie paon en langue tamoule, un oiseau sacré symbolisant en Inde la pureté et la beauté. Mayil propose des épices pré-conditionnées et pré-dosées en sachets et en pots. Son histoire débute en 1987. « En fait, ma grand-mère maternelle, mon « amaye », préparait déjà du masala pour les gens de son quartier », se rappelle, des étoiles dans les yeux, Krishna Mootien, qui a pris les rênes de l’entreprise. La demande était forte, d’autant plus qu’à cette époque, les Mauriciens avaient l’habitude de préparer ou de faire préparer leurs mélanges d’épices. Et très peu d’entreprises proposaient des conditionnements prêts à l’emploi… Le père de Krishna, policier, a alors l’idée de commercialiser les produits préparés par sa belle-mère en conditionnant la précieuse poudre jaune dans des sachets en plastique plus faciles à transporter. Et déjà le succès est au rendez-vous. La famille Mootien transforme alors la maison familiale en un véritable petit atelier. Tous les membres de la famille mettent la main à la pâte, dont le jeune Krishna qui passe ses vacances scolaires à les aider. Rapidement, la décision est prise de créer l’entreprise en 1987. Dès le début, ce fut un pari périlleux. « Nous arrivions sur un marché où le consommateur faisait très peu confiance au masala et aux épices pré-conditionnés car ils souffraient d’une mauvaise réputation, explique Krishna Mootien. Certains produits contenaient du riz, voire même de la sciure de bois. Notre credo a été d’offrir des produits sains, illustrés par notre slogan « 100 % pur » qui figure sur nos emballages. »
UNE PETITE ENTREPRISE FAMILIALE DEVIENT UN LEADER NATIONAL
Les produits de Mayil trouvent peu à peu leur place dans la plupart des boutiques de l’île, les grandes surfaces étant encore rares à l’époque. Et avec l’augmentation de la demande et des ventes, l’entreprise diversifie sa gamme : du masala, elle passe au safran, au cumin… Le jeune Krishna décide, à la fin de ses études secondaires, de mettre le cap sur la Malaisie pour y suivre des cours de gestion et de marketing. Il en profite pour y effectuer une étude du marché des épices à Maurice. À la fin de son cursus universitaire, il retourne en 2003 dans l’île. À 21 ans, il intègre l’entreprise familiale. Ses parents décident de passer progressivement le témoin au jeune homme. Il revoit alors la structure de l’entreprise, en investissant notamment dans des camionnettes de livraison et en développant son réseau de distribution. Pour cela, il rencontre les boutiquiers, mais surtout les clients pour comprendre leurs demandes afin de mieux y répondre. Il développe sa gamme de produits qui atteint alors déjà 50 références. Sa volonté de structurer l’entreprise atteint un nouveau palier en 2007, avec la construction de sa deuxième unité de production à Dagotière. Elle comprend des moulins dernier cri venus d’Allemagne et d’Inde. « Ils traitent des épices venues du monde entier comme la cardamome du Guatemala, le poivre de la Malaisie ou les clous de girofle de Madagascar… » Elles sont nettoyées et stérilisées. « Cela est indispensable car il s’agit de produits alimentaires et j’ai une responsabilité envers mes clients ! » Enfin, elles sont traitées, moulues et conditionnées selon les commandes. Exigeant le meilleur, le jeune dirigeant de Mayil fait certifier son usine par le géant mondial SGS aux normes internationales ISO 9001, ISO 22000 (norme relative à la sécurité des denrées alimentaires) et HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), méthode de maîtrise de la sécurité sanitaire de denrées alimentaires, actuellement en phase d’obtention. Krishna investit également dans la logistique : la flotte de véhicules passe de 3 à 18. Si, pour assurer son succès, le jeune patron estime « son investissement, depuis 2003, à 200 millions de roupies (5 millions d’euros) », l’entreprise se développe sur ses fonds propres. « Aujourd’hui, je n’ai pas d’emprunts ! » Outre le développement de l’entreprise, Jay Mootien, le père de Krishna et actuel président de Mayil Spices Ltd a aussi lutté pour la libéralisation du marché du curcuma, un des principaux ingrédients du curry. Cela a permis une baisse des prix. La création de Mayil Spices Ltd en 2011 représente la dernière étape de la structuration des activités.
DÉVELOPPEMENT DE LA GAMME DE PRODUITS
Krishna Moutien a lancé, en 2013, la marque Dubon dont les ventes sont en hausse constante, puis, en 2014, la marque Thaali avec un conditionnement unique en son genre. Aujourd’hui, l’entreprise distribue 188 références de produits Mayil, 38 de produits Dubon et 38 de produits Thaali. « Pour assurer un produit typiquement mauricien, je m’appuie sur l’association des chefs mauriciens qui élaborent les recettes d’épices. » Par ailleurs, la société ne se contente pas de proposer des produits orientaux, mais commercialise également des mélanges pour pizzas et pâtes. Mayil a su suivre et anticiper l’évolution des comportements des consommateurs mauriciens en s’appuyant sur le boom des supermarchés. « Notre plus grande fierté est d’avoir facilité la vie des Mauriciens ». Et les opérateurs de la grande distribution suivent. À preuve, « nous travaillons avec toutes les enseignes qui respectent les normes professionnelles et éthiques de référencement. D’ailleurs, et je le dis sans fausse modestie, si les produits Mayil ne sont pas disponibles dans un point de vente, il faut chercher le problème du côté du professionnalisme et du degré d’éthique dont fait preuve ce commerçant ». Cette présence souligne le dynamisme de l’entreprise car les « magasins n’ont ni de temps… ni surtout de place à perdre. Si vos produits ne conviennent pas à la clientèle, ils sortent du référencement et disparaissent rapidement des rayons », souligne le patron de Mayil. La société est aujourd’hui leader de son secteur avec presque 80% du marché et quelque 3 000 points de vente (qui vont des supermarchés aux petits boutiquiers). De quoi engranger un chiffre d’affaires de 124 millions de roupies (3,1 millions d’euros) qui devrait fortement progresser, à 200 millions de roupies (5 millions d’euros), en 2015.